
OBSKURA 05 – SAMEDI 5 JUILLET – LA PARCHEMINERIE – 16h00
L’Abominable est un laboratoire cinématographique partagé. Depuis 1996, il met à disposition de cinéastes et de plasticiens les outils qui permettent de travailler les supports du cinéma argentique : super-8, 16 mm et 35 mm. Le lieu fonctionne comme un atelier collectif où les machines qui servent à la fabrication des films sont mutualisées : un cinéaste peut y développer ses originaux négatifs ou inversibles, réaliser des trucages et des changements de format, faire du montage, travailler le son ou tirer des copies. Cette autonomie permet de réaliser des films en allant jusqu’à s’affranchir des circuits de productions et de financements institutionnels.
Depuis 2022, L’Abominable se reconstruit dans les anciens laboratoires Éclair à Épinay-sur-Seine. Ce nouveau lieu, le Navire Argo, sera l’alliage d’un laboratoire cinématographique partagé et d’une salle de projection publique équipée pour montrer les films sur leurs supports originaux.

PROGRAMME 1 (59’):
- Ul-Umra, Gautam Valluri, 16mm, n&b, sil, 2022, 8′ (copie 16mm)
En 1887, le noble Hyderabadi Viqar-ul-Umra a fait construire une mosquée en se souvenant des mosquées mauresques qu’il avait vues lors d’un voyage en Andalousie. Ce film est une tentative de se souvenir de la mosquée d’ul-Umra à travers le mouvement et l’immobilité, l’image et son absence.
- La machine d’enregistrement, Noémi Aubry, Tamador Abu Laban, Wisam Al Jafari, Firas Ramandan, super 8 (num), coul et n&b, 2013, 9′
La rencontre avec trois jeunes réalisateurs palestiniens, autour d’un objet, une caméra Super 8, et d’un lieu, le camp de réfugiés palestiniens de Deisheh. Trois regards, trois paroles autour du pourquoi se saisir d’une caméra, et le sens et la difficulté de faire des films, en Palestine.
- L’année qui vient, Stefano Canapa et Natacha Muslera, 16mm (num), n&b, sonore, 2025, 42′.
Antoine, jeune philosophe-géographe arpente Marseille en suivant les trajectoires des petits fleuves-côtiers engloutis par le béton. Jackie dessine un chemin dans les songes. Depuis le premier confinement, elle brode chaque jour ses rêves nocturnes à la machine à coudre. Le soir, déguisée, elle ouvre le bal au karaoké boîte de nuit Sing or Die.

PROGRAMME 2 (55’) :
- Anagram, Nathaniel Draper, n&b, s16 sur num, 2022, 8′
Les rythmes inhérents à la pellicule font émerger des corps et des visions cachés entre perception et projection. Un espace fantôme d’une rêverie collective, un rituel cinématographique à l’image du gamelan. Une chorégraphie pour film.
- Daucus Bugainvilla, Florencia Aliberti, n&b, sonore, 2022, 5’28 (copie 16mm)
Daucus Buganvilia est une collection d’éléments de la nature en contact direct avec la pellicule. Du lichen, des plantes sylvestres, des pétales séchés, des feuilles trouvées, rencontrent le support photochimique à travers une expérimentation de cinéma sans caméra qui découvre la constitution infime de la matière. Une étude visuelle rythmée où se succèdent des motifs végétaux, des textures et des sensations révélant la nature dans ses détails les plus imperceptibles.
- Je lévite, Amandine Julien, num, 2020, 6’43
Je lévite est un court-métrage réalisé en autoportraits et à partir de photographies argentiques couleurs. Jouant sur l’inversion des valeurs et les surimpressions on suit le voyage nocturne de l’enfant-narratrice qui nous dévoile peu à peu l’envers du décor et pourquoi chaque nuit elle monte se cacher au plafond… « Est-ce le corps à l’abandon qui rêve de moi ou est-ce moi qui rêve le corps laissé à l’abandon ? Qui rêve de qui ? Qui rêve de quoi ? Qui rêve de moi ? »
- Certain magical acts, Yoann Breton, n&b, 16mm sur num, 2025, 2′
Un portrait filmé de Dallin mêlant expérimentation photochimique et pratique de l’auto-injection d’estradiol enanthate,
- Mues, Frédérique Menant, n&b, 16mm, son, 2015,10′ (copie 16mm)
J’ai traversé les solstices
Dans l’ombre, un souffle
Sous la peau, un passage
Muer est une expérience indicible.
Quand la mue se détache, elle ouvre un espace infime, de soi à soi, là où l’image tremble.
Ce film est le fruit d’une résidence de création avec la plasticienne Nathalie Menant pour l’installation MUES. 10 femmes en difficulté, suivies par l’association Joséphine, ont accepté de devenir modèles.
- Bosco, Lucie Leszez et Stefano Canapa, n&b, 16mm, sil, 2023, 8′ (copie 16mm)
Trois cinéastes (L. Leszez, J. Lainé et S. Canapa) rapportent des images de la forêt. Elles sont ensuite retravaillées et déstructurées avec les moyens du laboratoire photochimique : tirage à plat, tireuse contact et optique. Des rayons X percent un beau noir et blanc tranché.
- Film-collage 2 – amour, Anaïs Ibert, super 8 et 16mm sur num, coul, son,2022, 14’30
Une femme et un homme font l’amour. Ce film est une représentation possible de l’amour et contient des scènes de sexe.

PROGRAMME 3 (53’):
- Troglodyte, Calypso Debrot, 10′, 2023
C’est un film comme un chagrin, un film qui se dessine dans le grondement sourd du collapse, dans la lumière tendre de l’espoir. Quelque chose s’efface progressivement.
Il s’agit de la vie. Mais quelque part, dans les souterrains de la pensée, dans le ventre de la planète, quelque chose encore, attend, hiberne et se protège : la vie peut-être, qui de nouveau saura germer.
Beaucoup d’images de ce film ont été prise dans le désert. Le désert est symboliquement le lieu d’ou doivent emerger les êtres et les phénomènes nouveaux !
- Yolonuz Açik olsun, Noémi Aubry, Anouck Mangeat, super 8 sur num, coul, son, 2014, 8′
Dans plusieurs pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, on jette de l’eau derrière celui qui s’en va, présage d’un retour en bonne santé. On lui souhaite « que ta route soit ouverte », en turc, « Yolunuz açik olsun ». Dans un village abandonné en Anatolie, un personnage s’affaire avec soin et enthousiasme à la préparation d’un plat de lentilles. Chaque geste est minutieux, il allume le feu de bois avec des brindilles, verse eau, lentilles, sel, poivre et épices. Il remplit deux assiettes et va les porter à ses voisins. Mais c’est alors qu’il réalise peu à peu que le village est vide… Ne reste que les pierres et quelques portes en bois. Est-il lui-même bien là ? Ce film raconte la mémoire de lieux vidées, dépouillés, la mémoire d’hommes, de femmes, d’enfants forcés à l’exil, ayant quittés leurs foyers sans que personne n’ait pu faire couler de l’eau ou murmurer ces mots derrière eux.
- Los Plateados, Mala Química (Mariya Nikiforova et Martín Molina Gola), 16mm sur num, n&b, son, 2021, 10’55
La Bestia est un train qui transporte des marchandises à travers le Mexique ; il est également emprunté par les migrants qui souhaitent atteindre la frontière étatsunienne. Los Plateados (“les argentés”) étaient un groupe de hors-la-loi au XIXe siècle. Ce film explore les frontières invisibles et les rituels quotidiens.
- Intermède, Maria Kourkouta, 16mm sur num, n&b, son, 2022, 24′
Images d’un petit chantier naval, quelque part en Grèce. Eau, corps, cordes, chaînes, bois et métal, dans un poème en pellicule 16 mm, noir et blanc. Entre la réparation de bateaux et leurs nouveaux départs en mer, une petite équipe d’hommes se charge de les tirer à terre, et de les remettre dans l’eau, une fois réparés. Dans cet entre-deux, se dessine un espace intense et doux à la fois – tel un “horiko”, un intermède choral et chorégraphique de tragédie antique – fait de gestes et de mouvements balançant entre rapprochement et éloignement, attachement et détachement, tension et tendresse.