Carte Blanche à Talitha

TALITHA (Rennes) est un espace de pensée, de partage et de (ré)activation d’images, de sons, de savoirs, de techniques, de récits et d’archives minorisées ou non-alignées. www.talitha3.com 

Lecture performée et archives + Projection

LES RENCONTRES DE RENNES (1977, 1978, 1979) : POUR UN CINÉMA DE CONTESTATION

De 1977 à 1979, les Rencontres de Rennes, organisés par Guy Hennebelle, Robert Prot et René Vautier, proposent de penser les deux courants de cinéma de rupture resurgis des révoltes de 1968 : le cinéma différent (ou expérimental, underground) et le cinéma militant (ou d’intervention sociale). À la Maison de la Culture de Rennes, des dizaines d’invités internationaux se réunissent pour des tables rondes, projections, et débats. À qui appartient Dziga Vertov ? Y a-t-il un happy end dans le cinéma expérimental ? Inventer un nouveau langage. Éloge du Super 8. Les aventures du cinéma Politique. Ceux qui croyaient à l’art-pour-l’art, et ceux qui n’y croyaient pas… 

Pour Obskura, nous rejouerons certaines de ces scènes et partagerons des archives documentant cette rencontre. Des comptes rendus, des manifestes, des désaccords, des listes de collectifs, d’œuvres, de films, pas tous aboutis, parfois laissés inachevés et aujourd’hui, encore moins qu’hier, pas tous visibles. Des pellicules marginalisées et invisibles. Produites en rupture et à la marge du cinéma dominant. Perdues dans les limbes des politiques autoritaires de conservation. Des images absentes et des manifestes retrouvés que nous convoquons pour les faire résonner avec notre présent, ses réalités politiques mais aussi ses îlots de lutte que sont les pratiques contemporaines de l’argentique.

ZONE IMMIGRÉE – Collectif Mohamed- 35′ – France – 1980

Document rare, tumultueux et révolté. Tourné par un collectif en colère à la suite de l’agression d’un jeune par un chauffeur de bus. Soudainement apparaît un film qui ne parlait pas des quartiers comme un énième constat d’impuissance, mais un film qui fait le récit de l’intérieur avec la force du refus.

Entre 1977 et 1981, de jeunes adolescents, habitants des cités d’Alfortville et de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, se réunissent et forment le Collectif Mohamed. Ensemble ils tournent trois court-métrages. Ce projet naît de leur volonté de filmer leurs propres images, de raconter par eux-mêmes leurs histoires, d’enquêter au sein des cités où ils vivent, de s’amuser, mais aussi de produire un discours politique et donner forme à leur révolte. Ils se sont cotisés et ont acheté quelques bobines Super-8, le support amateur de l’époque, ils ont emprunté du matériel dans leur lycée, et monté leurs images avec l’aide d’un enseignant.